
Pourtant je m’élève Vous pouvez me rabaisser pour l’histoire Avec vos mensonges amers et tordus, Vous pouvez me traîner dans la boue Mais comme la poussière, je m’élève pourtant, Mon insolence vous met-elle en colère? Pourquoi vous drapez-vous de tristesse De me voir marcher comme si j’avais des puits De pétrole pompant dans ma salle à manger? Comme de simples lunes et de simples soleils, Avec la certitude des marées Comme de simples espoirs jaillissants, Je m’élève pourtant. Voulez-vous me voir brisée? La tête et les yeux baissés? Les épaules tombantes comme des larmes. Affaiblie par mes pleurs émouvants. Es-ce mon dédain qui vous blesse? Ne prenez-vous pas affreusement mal De me voir rire comme si j’avais des mines d’or creusant dans mon potager? Vous pouvez m’abattre de vos paroles, Me découper avec vos yeux, Me tuer de toute votre haine, Mais comme l’air, je m’élève pourtant. Ma sensualité vous met-elle en colère? Cela vous surprend-il vraiment De me voir danser comme si j’avais des Diamants, à la jointure de mes cuisses? Hors des cabanes honteuses de l’histoire Je m’élève Surgissant d’un passé enraciné de douleur Je m’élève Je suis un océan noir, bondissant et large, Jaillissant et gonflant je tiens dans la marée. En laissant derrière moi des nuits de terreur et de peur Je m’élève Vers une aube merveilleusement claire Je m’élève Emportant les présents que mes ancêtres m’ont donnés, Je suis le rêve et l’espérance de l’esclave. Je m’élève Je m’élève Je m’élève Extrait du recueil "And still I rise", de Maya Angelou (1978).
Traduction par Olivier Favier