[Webinaire] La crise sanitaire Covid comme révélateur des enjeux spirituels et sociaux
La fondation Moultaqa dans le cadre de la 15 ème édition des rencontres Mondiales du Soufisme, nous a proposé le dimanche 1er novembre 2020 de 15h à 17h, un webinar sur le thème suivant :
"La crise sanitaire Covid comme révélateur des enjeux spirituels et sociaux"
Les participants
- Dr.Inès Safi(Chercheuse en physique quantique au CNRS)
- Dr. Sylvie Taussig (Spécialiste du fait religieux contemporain, CNRS)
- Abd al Malik (artiste et écrivain)
- Dr.Tarik Abou Nour (Imam théologien et président de l’IESIP)
-Dr.Karim Ifrak(Islamologue, chercheur au CNRS)
-Feyzullah Canbay (modérateur)
Le webinair
Depuis la première vague de l’épidémie (février/mars 2020), les gouvernements s’appuient sur les autorités sanitaires pour construire des politiques adaptées, et les médias et les réseaux sociaux diffusent en permanence des informations sur la gestion de cette crise. Ainsi, dans un maelstrom de chiffres, courbes et graphes, les épidémiologies nous expliquent qu’il faut impérativement « aplatir la courbe » des contaminations, afin d’éviter la saturation des hôpitaux. Ce sont des statistiques désincarnées qui nous sont martelées, pour des raisons louables d’efficacité, alors que l’humanité, dans cet événement qui la frappe, a aussi besoin de dimensions symboliques pour pouvoir organiser sa résistance et sa résilience. Les agrégats quantitatifs (nombre de masques produits et distribués, nombre de lits en soins intensifs occupés, nombre de vaccins nécessaires, … ) n’assouvissent pas la demande de sens et la demande de soins.
Certes, l’approche technocratique et scientifique, privilégiée pour assurer les missions de l’État en termes de santé publique, n’a pas vocation à s’occuper de ce qui, par définition, est extérieur à son périmètre d’action. Mais il est aussi de la responsabilité politique de savoir que les administrés sont aussi des êtres humains et qu’il n’est pas possible de les réduire à des corps sans conscience ou émotions/ ou à des corps sans esprit. Il suffirait d’un simple aveu que la technicité voire la virtuosité opératoire n’est pas tout, pour qu’aussitôt la société civile se sente sollicitée, appelée à la rescousse.
Au lieu de cela, les auteurs des mesures guidées par la seule approche technocratique semblent n’avoir aucune conscience de leurs limites inhérentes et tomber dans la démesure. Ce qui pose question, c’est l’hybris du champ technocratique.
Dans le cadre de cette table ronde, la réflexion porte notamment sur les deux questions suivantes :
1. Quels rôles les acteurs de la société civile peuvent-ils jouer dans la prévention de la crise sanitaire et la gestion de ses conséquences ? Quelle est la place des acteurs religieux ou d’inspiration religieuse au sein de cette société civile ? Dans nos Etats laïques, peut-on leur accorder plus de pouvoir et de reconnaissance dans leur mission citoyenne d’attention, de soins aux autres, de prévenance et d’entraide ?
2. Dans quelle mesure peut-on dire que la liberté d’opinion et de conscience est une chance pour l’islam en général et pour le soufisme en particulier ? Le soufisme peut-il aller au-delà d’une « spiritualité de transformation personnelle » (certes belle et profonde) pour intégrer un regard critique sur les politiques et les institutions économiques ? Autrement dit, le soufisme (en tant que paradigme spirituel et éthique) peut-il être une source de transformation et de résistance pour nos sociétés « consuméristes» et « technocratiques » ?